1 novembre 2024

0 commentaires

Directives pour la kinésithérapie de la maladie de Parkinson : une synthèse de l’APTA

Par Afonso Pimenta Sergio

01 novembre 2024

kinésithérapie, Parkinson, recommandations, Rééducation

Titre de l’article analysé : Prise en charge kinésithérapique de la maladie de Parkinson : lignes directrices de pratique clinique de l’American Physical Therapy Association.

Osborne JA, Botkin R, Colon-Semenza C, DeAngelis TR, Gallardo OG, Kosakowski H, Martello J, Pradhan S, Rafferty M, Readinger JL, Whitt AL, Ellis TD. Physical Therapist Management of Parkinson Disease: A Clinical Practice Guideline From the American Physical Therapy Association. Phys Ther. 2022 Apr 1;102(4):pzab302. doi: 10.1093/ptj/pzab302. Erratum in: Phys Ther. 2022 Aug 1;102(8): PMID: 34963139; PMCID: PMC9046970..

Questions posées

L’objectif de cette revue systématique était d’aider à améliorer la prise en charge kinésithérapique des patients atteints de la maladie de Parkinson. En réalisant une revue systématique de la littérature, les auteurs ont voulu identifier :

  • Les domaines dans lesquels il existait des preuves solides
  • Ceux dans lesquels il manque des preuves et où de futures recherches sont nécessaires pour améliorer la prise en charge de ces patients.

Population

Ces recommandations portent sur les patients atteints de maladie de Parkinson typique, idiopathique de l’adulte. A noter toutefois que la plupart des articles retenus, incluent des patients aux stades précoce voire intermédiaires de la maladie (Hoehn and Yahr de 1 à 3). Ceci ne permet pas de généraliser ces recommandations aux patients ayant une maladie a un stade plus avancé.

Méthode

Revue systématique avec méta-analyse. Les bases de données interrogées (jusqu’en juin 2020) ont été PubMed, EMBASE et Cochrane Central Register of Controlled Trails. Seuls des essais contrôlés randomisés ont été inclus.

Le niveau d’évidence a été classé en 4 catégories : élevé, modéré, bas et insuffisant.

Le niveau de recommandation comprend 5 catégories : Fort, modéré, faible, théorique et bonnes pratiques.

Intervention

L’ensemble des techniques kinésithérapiques furent évalués afin d’être classés en niveau de recommandation fort, modéré, faible ou insuffisant.

Critères d’évaluation

De nombreux critères de jugement ont été utilisés. Les principaux mis en relief, dans cette revue de littérature, sont ceux cités par The Academy of Neurologic Physical Therapy dans un article recensant les outils de mesures intéressant afin d’évaluer les patients atteints de maladie de Parkinson (PDEDGE) [1] : test de marche de 6 minutes, ADLs, test de marche de 10 mètres, Mini BESTTest, Functional Gait Assessment, Freezing of Gait (FOG-Q), PDQ-39, UPDRS, TUG double tâche, 9-hole-peg test, ABC.

Résultats

Figure 1 : diagramme de flux

Voici les principaux résultats :

  • Exercices aérobique : Les kinésithérapeutes doivent mettre en œuvre des exercices aérobiques d’intensité modérée à élevée (60 à 85% de la fréquence maximale théorique) pour améliorer la consommation d’oxygène (VO2), réduire la gravité des troubles moteurs et améliorer les résultats fonctionnels chez les personnes atteintes de maladie de Parkinson. Les différents paramètres améliorés incluent : le test de marche de 6 minutes, l’équilibre global et les activités de la vie quotidienne.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : améliorations du VO2, améliorations des déficiences motrices et non motrices, améliorations des activités fonctionnelles (marche, équilibre, AVQ…) et améliorations de la qualité de vie.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Exercices en résistance : Les kinésithérapeutes devraient mettre en œuvre un entraînement en résistance pour réduire la gravité des maladies motrices et améliorer la force, la puissance, les symptômes non moteurs, les résultats fonctionnels et la qualité de vie des personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : améliorations de la force/puissance, améliorations des symptômes non moteurs (anxiété, cognition, dépression), réductions de la gravité des maladies motrices, améliorations des activités (vitesse de marche, équilibre, mobilité, stabilité), améliorations de la qualité de vie et réduction du risque de chute.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de la recommandation : forte.
  • Exercices d’équilibre : Les kinésithérapeutes doivent mettre en œuvre des programmes d’intervention d’entraînement à l’équilibre pour réduire les troubles du contrôle postural et améliorer les résultats en matière d’équilibre et de démarche, la mobilité, la confiance en l’équilibre et la qualité de vie des personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : améliorations des déficiences du contrôle postural, améliorations des résultats d’équilibre, améliorations des résultats en matière de mobilité, améliorations des résultats de la démarche, améliorations des résultats liés à la confiance en l’équilibre, améliorations de la qualité de vie et améliorations des symptômes non moteurs.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Exercices d’étirement (flexibilité) : Les kinésithérapeutes peuvent mettre en œuvre des exercices d’étirement pour améliorer les amplitudes de mouvement chez les personnes atteintes de maladie de Parkinson.
    • Qualité des preuves : faible ; force de la recommandation : faible.
  • Exercices avec indiçages sensoriels externes : Les kinésithérapeutes doivent utiliser des signaux externes pour réduire la gravité des troubles moteurs, du Freezing et pour améliorer les résultats de la marche chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : améliorations de la gravité des maladies motrices, améliorations des paramètres spatio-temporels de la marche, améliorations des résultats fonctionnels de la marche et améliorations du Freezing.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Exercices en groupe : Les kinésithérapeutes devraient réaliser des exercices en groupe pour réduire la gravité des troubles moteurs et améliorer les symptômes non moteurs, les résultats fonctionnels et la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
  • Dans cette revue de littérature les « exercices en groupe » se définissent comme un programme dans lequel des individus s’exercent ensemble. Il n’est pas nécessaire que le programme soit dirigé par un kinésithérapeute ni associé à des évaluation périodiques kinésithérapique.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : améliorations des symptômes moteurs (force/puissance, posture, dextérité des membres supérieurs de la main, coordination œil-main) et non moteurs (anxiété, dépression, cognition et sommeil), améliorations des résultats fonctionnels (équilibre, mobilité, AVQ, capacité et vitesse de marche, demi-tour) et chutes/peur de tomber et améliorations de la qualité de vie.
    • Force de preuve : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Entrainement à la marche : Les kinésithérapeutes devraient mettre en œuvre un entraînement à la marche pour réduire la gravité des troubles moteurs et améliorer la longueur de la foulée, la vitesse de marche, la mobilité et l’équilibre chez les personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : Gravité réduite des troubles moteurs, longueur de pas améliorée, vitesse de marche améliorée, capacité de marche améliorée, mobilité fonctionnelle améliorée et équilibre amélioré.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Exercices orientés sur une tâche : Les kinésithérapeutes devraient mettre en œuvre un programme spécifique orienté sur une tâche pour améliorer le niveau de déficience spécifique spécifique de cette tâche et les résultats fonctionnels pour les personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : amélioration de la tâche spécifiquement entraînée, amélioration de la force, de la dextérité, de la sensibilité des membres supérieurs, amélioration de l’imagerie mentale, amélioration des demi-tours et de la mobilité fonctionnelle et amélioration de la fonction vésicale.
    • Qualité des preuves : élevée ; Force de recommandation : forte.
  • Approche comportementale (de changement de comportement) : Les kinésithérapeutes devraient mettre en œuvre des approches de changement de comportement pour améliorer l’activité physique et la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
  • La thérapie par changement de comportement est basée sur l’établissement d’objectifs, la planification d’actions, le coaching, la résolution de problèmes etc.
    • Qualité des preuves : forte ; Force de la recommandation : modérée.
  • Travail pluridisciplinaire : Le patient doit bénéficié de kinésithérapie dans le cadre d’une approche de soins intégrée (soin pluridisciplinaires) pour réduire la gravité des troubles moteurs et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les approches de soins intégrés comprennent des équipes de soins de santé pluridisciplinaires et interdisciplinaires qui collaborent pour améliorer la qualité et la sécurité des soins fournis aux personnes ayant des besoins médicaux complexes. Ainsi kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, infirmiers, neurologues, médecins généralistes … travailleront ensemble pour le bien du patient.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : réductions de la gravité des troubles moteurs, améliorations des symptômes non moteurs (anxiété, dépression et conséquences psychosociales), améliorations des résultats fonctionnels (activités de marche, y compris la vitesse de marche et les paramètres spatio-temporels de la marche, les activités de la vie quotidienne, la performance physique, l’équilibre et la stabilité), améliorations de la qualité de vie et améliorations de l’utilisation des soins de santé;
    • Qualité des preuves : forte ; Force de recommandation : forte.
  • Télé rééducation : Les services de kinésithérapie peuvent être dispensés par télé rééducation pour améliorer l’équilibre des personnes atteintes de maladie de Parkinson.
  • Les principaux bénéfices retrouvés sont : équilibre et observance améliorés
    • Qualité des preuves : modérée ; force de la recommandation : faible.

Conclusion des auteurs

Figure 2 : Tableau récapitulatif des recommandations émises.

Validité de l’étude et applicabilité clinique

Les résultats sont-ils valides ?

L’étude présentée a un haut niveau de preuve. En effet c’est une revue systématique de littérature avec méta-analyse. Les auteurs ont appliqué une méthodologie valide et fiable afin d’émettre des recommandations.

Puis-je appliquer ces résultats à mes patients ?

Les recommandations issues de ces études sont très intéressantes et applicables directement par les kinésithérapeutes prenant en charge des patient atteints de la maladie de Parkinson.

Notre conclusion

Les recommandations telles que celles-ci sont des outils précieux et indispensables pour une pratique de la kinésithérapie fondée sur des preuves.

Cette dernière, du fait de son ampleur et sa méthodologie, nous apporte aide à choisir les traitements à mettre en place avec nos patients en fonction du bilan kinésithérapique réalisé.


[1] Kegelmeyer  D, Ellis  T. Esposito  A, Gallagher  R, Harro  C, Hoder  J, Oneal  S. Parkinson evidence database to guide effectiveness (PDEDGE)  2021. Accessed June 25, 2021. https://www.neuropt.org/search-results?indexCatalogue=%2Dfull%2Dsite%2Dsearch&searchQuery=PDEDGE&wordsMode=0

Afonso Pimenta Sergio

A propos de l'auteur

Kinésithérapeute spécialisé en neurologie.
Enseignant en formation initiale (Aix-Marseille Université, École des Sciences de la Rééducation).
DE d'imagerie médicale (2010)
DIU vestibulaire, analyse et rééducation des troubles de l'équilibre (2022)

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}

Retrouver l'ensemble de nos formations