1 avril 2025

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Rééducation dans la prise en charge de l’AVC : recommandations pour les kinésithérapeutes selon les guidelines australiennes

Par Afonso Pimenta Sergio

01 avril 2025

AVC, recommandations, Rééducation

Titre de l’article analysé : Stroke Foundation. Clinical Guidelines for Stroke Management. 2020.

Accessible sur : https://informme.org.au/Guidelines/Clinical-Guidelines-for-Stroke-Management

Article en lien : https://rehab4neuro.com/reeducation-motrice-apres-un-avc-recommandations-de-la-haute-autorite-de-sante/

Contexte et objectifs

Cet article synthétise les recommandations des lignes directrices australiennes pour la gestion des AVC, destinées à guider les kinésithérapeutes. Ces recommandations sont basées sur des preuves de haute qualité utilisant la méthode GRADE, pour évaluer l’équilibre entre les bénéfices et les risques, la qualité des preuves, et les valeurs des patients.

Gestion en phase aiguë de l’AVC

Soins en unité AVC

  • Tous les patients victimes d’un AVC doivent être admis dans une unité spécialisée avec une équipe interdisciplinaire. L’admission rapide (idéalement dans les trois heures après le début des symptômes) est essentielle pour améliorer le pronostic​(Guidline Australien).

Mobilisation précoce

  • Les activités intensives hors du lit ne doivent pas être commencées dans les 24 heures suivant un AVC en raison du risque d’aggravation. Cependant, une mobilisation précoce, dans les 24 à 48 heures suivant l’AVC, est recommandée pour réduire les complications liées à l’immobilisation, comme la thrombose veineuse profonde​(Guidline Australien).

Réhabilitation et interventions spécifiques

Réhabilitation physique

Fréquence et intensité des sessions

  • Une réhabilitation structurée, incluant la physiothérapie et l’ergothérapie, est recommandée pour tous les patients. La réhabilitation doit être fournie aussi fréquemment que possible, avec des sessions de trois heures par jour pour une pratique active et intensive​(Guidline Australien).

Classes de circuit en groupe

  • Les classes de réhabilitation en circuit permettent d’augmenter le temps de réhabilitation, particulièrement en pratique de la marche au sol. Ce type d’intervention a montré son efficacité pour améliorer les capacités fonctionnelles​(Guidline Australien).

Réhabilitation des membres supérieurs

Exercices de renforcement progressif

  • Un entraînement de résistance progressive doit être fourni pour améliorer la force des membres chez les survivants de l’AVC présentant une faiblesse dans les bras ou les jambes​(Guidline Australien).

Thérapie par contrainte induite (CIMT)

  • Pour les patients avec une extension active du poignet et des doigts, une thérapie CIMT intensive (au moins deux heures par jour pendant deux semaines) est recommandée pour améliorer l’usage fonctionnel du bras​(Guidline Australien).

Thérapie assistée par la robotique

  • Pour les patients avec une faiblesse modérée à sévère du bras, des dispositifs mécaniques comme la robotique peuvent être utilisés pour soutenir l’amélioration fonctionnelle du membre supérieur​(Guidline Australien).

Réhabilitation de la marche et de l’équilibre

Pratique répétée de la marche

  • La marche répétée, ajustée selon les capacités du patient, est essentielle pour ceux présentant des difficultés de mobilité. Les méthodes recommandées incluent l’entraînement sur tapis roulant avec ou sans support de poids corporel​(Guidline Australien).

Aides orthopédiques

  • Les orthèses adaptées aux membres inférieurs peuvent être utilisées pour minimiser les limitations de la marche. Toutefois, l’amélioration de la marche ne se produira que pendant l’utilisation de l’orthèse​(Guidline Australien).

Feedback bio et réalité virtuelle

  • Les entraînements avec feedback bio (plateformes de force, entraînement virtuel) et l’utilisation de la réalité virtuelle peuvent être bénéfiques pour améliorer l’équilibre et la réactivité posturale chez les patients ayant des troubles de l’équilibre​(Guidline Australien).

Participation et limitations d’activités

Activités de la vie quotidienne (AVQ)

  • Pour les patients ayant des difficultés avec les AVQ, des interventions ciblées, telles que des pratiques spécifiques aux tâches, doivent être fournies par un clinicien qualifié pour promouvoir l’autonomie​(Guidline Australien).

Lésions de l’épaule et gestion de la douleur

  • Pour les patients avec une douleur à l’épaule post-AVC, des interventions telles que les strapping, la stimulation électrique ou les injections de corticostéroïdes peuvent être utilisées pour réduire la douleur. Une formation spécifique sur la gestion de l’épaule doit être donnée pour prévenir les traumatismes​(Guidline Australien).

Planification de la sortie et suivi

Préparation de la sortie

  • Avant la sortie de l’hôpital, un plan de soins complet doit être élaboré en collaboration avec le patient et son entourage, incluant un suivi des besoins spécifiques pour la réhabilitation continue, le soutien communautaire, et les aides techniques​(Guidline Australien).

Réhabilitation à domicile

  • Si possible, les services de réhabilitation coordonnée à domicile sont recommandés pour les patients ayant des AVC légers à modérés, et permettent un retour à domicile plus rapide et sécurisé​(Guidline Australien).

Soutien à long terme et auto-gestion

  • Les patients capables cognitivement et leurs aidants devraient être informés des programmes d’auto-gestion, et être encouragés à poursuivre une activité physique régulière. Les objectifs de réhabilitation doivent être définis conjointement avec le patient, révisés régulièrement, et adaptés en fonction des progrès​(Guidline Australien).

Conclusion et conseils aux kinésithérapeutes

La prise en charge des patients post-AVC en kinésithérapie repose sur une mobilisation précoce et une réhabilitation intense et adaptée. Les kinésithérapeutes jouent un rôle essentiel dans la réintégration fonctionnelle et l’amélioration de la qualité de vie, en collaboration avec une équipe multidisciplinaire. En adoptant une approche centrée sur le patient, incluant une planification structurée des activités, un suivi continu et un soutien pour l’auto-gestion, les kinésithérapeutes peuvent influencer positivement le pronostic fonctionnel à long terme.


Bernhardt J., et al. « Early mobilization after stroke: Do the risks outweigh the benefits? » Current Atherosclerosis Reports. 2015.

Veerbeek JM., et al. « Practice makes perfect: Circuit class therapy for post-stroke rehabilitation. » Journal of Stroke & Cerebrovascular Diseases. 2014.

Corbetta D., et al. « Virtual reality for rehabilitation of balance and gait in stroke patients. » Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases. 2015.

Mehrholz J., et al. « Treadmill training and body weight support for walking after stroke. » Cochrane Database of Systematic Reviews. 2014.

Afonso Pimenta Sergio

A propos de l'auteur

Kinésithérapeute spécialisé en neurologie.
Enseignant en formation initiale (Aix-Marseille Université, École des Sciences de la Rééducation).
DE d'imagerie médicale (2010)
DIU vestibulaire, analyse et rééducation des troubles de l'équilibre (2022)

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