Titre de l’article analysé : Accident vasculaire cérébral : Méthodes de rééducation de la fonction motrice chez l’adulte.
Bleton JP, Rémy-Néris O, Gedda M et al. Accident vasculaire cérébral : méthodes de rééducation de la fonction motrice chez l’adulte. Haute Autorité de Santé, 2012.
Accessible sur : HAS-sante.fr.
Contexte et objectifs
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) induisent des déficits moteurs impactant profondément l’autonomie des patients. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en 2012 des recommandations destinées aux professionnels pour une prise en charge optimale de la rééducation motrice après un AVC. Fondées sur des niveaux de preuve et de gradation, ces recommandations visent à standardiser et améliorer les interventions de rééducation dans les phases aiguë, subaiguë et chronique. La HAS s’appuie sur une revue méthodique des preuves pour proposer des interventions adaptées à chaque étape de la récupération.
Figure 1 : Grades de recommandations selon l’HAS
Méthodes et techniques de rééducation
1. Stimulation de la sensibilité
Lors de la phase aiguë, stimuler la fonction sensitive est recommandé chez les patients sans activité motrice. Bien que le lien direct entre récupération sensitive et motrice ne soit pas prouvé, une proprioception améliorée peut favoriser la coordination motrice.
- Grade de recommandation : Accord d’experts (AE)
Les preuves actuelles montrent que la sensibilité est essentielle à un bon contrôle moteur, en particulier dans les cas d’hémiplégie. L’absence d’activité motrice nécessite une rééducation adaptée pour prévenir les complications.
2. Rééducation manuelle individuelle
La rééducation manuelle comprend des mobilisations passives et actives personnalisées, appliquées tout au long des phases de la rééducation.
- Grade de recommandation : C
Cette technique ne présente pas de supériorité avérée pour une technique spécifique, mais elle permet de maintenir l’amplitude articulaire et d’atténuer les effets de l’immobilisation, aidant ainsi à prévenir la spasticité et la perte de fonction.
3. Activité physique et programmes d’exercices
L’activité physique structurée après un AVC est conseillée pour améliorer la capacité cardio-respiratoire et la mobilité fonctionnelle.
- Grade de recommandation : B
Une activité physique régulière aide à réduire les risques de déconditionnement, et bien que l’amélioration de la force musculaire soit limitée, les bénéfices sur l’endurance et la récupération fonctionnelle sont significatifs.
4. Renforcement musculaire
Le renforcement musculaire est recommandé en phase chronique pour accroître la force musculaire, sans effet direct sur la spasticité.
- Grade de recommandation : C pour l’amélioration de la force musculaire, B pour l’absence d’effet sur la spasticité
Les études montrent que le renforcement des muscles post-AVC améliore la capacité fonctionnelle, sans exacerber la spasticité, un point crucial pour la rééducation motrice et l’autonomie.
5. Rééducation intensive
La rééducation intensive consiste à augmenter la fréquence et la répétition des exercices pour maximiser la récupération fonctionnelle, surtout en phase chronique pour la marche.
- Grade de recommandation : B
Les études indiquent que les exercices intensifs sont favorables pour l’amélioration motrice, notamment en ajoutant une composante de temps important dans les protocoles de rééducation.
Techniques spécialisées
Apprentissage moteur et biofeedback
L’apprentissage moteur utilise le renforcement des schémas moteurs spécifiques et le biofeedback permet un retour immédiat sur les performances du patient, contribuant ainsi au contrôle moteur.
- Grade de recommandation : C pour le biofeedback myo-fonctionnel
- Grade B pour le couplage de la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) avec le biofeedback pour les membres supérieurs
Les appareils de biofeedback aident les patients à affiner leur contrôle moteur en recevant un retour immédiat, ce qui s’avère utile pour améliorer la démarche et l’usage des membres supérieurs.
Électrothérapie et stimulation électrique fonctionnelle (SEF)
La SEF et l’électrostimulation sont utilisées pour stimuler les muscles inactifs, particulièrement dans la rééducation de la marche.
- Grade de recommandation : C pour la SEF dans la marche
Les études démontrent que la SEF améliore les fonctions motrices des membres inférieurs, notamment en phase subaiguë et chronique, en combinaison avec d’autres techniques de rééducation.
Répétition de tâches et approches combinées
La répétition de tâches spécifiques et la combinaison de plusieurs méthodes sont recommandées, en particulier pour la rééducation de la marche.
- Grade de recommandation : B pour la marche en phases subaiguë et chronique
Les interventions fondées sur la répétition de tâches, telles que les exercices orientés vers la marche, aident à améliorer la performance et la continuité dans les progrès fonctionnels.
Rééducation de la marche et de l’équilibre
Exercices d’Équilibre
Les exercices d’équilibre et de stabilisation sont essentiels pour maintenir une bonne posture et prévenir les chutes.
- Grade de recommandation : C
Ces exercices permettent de récupérer une meilleure stabilité et de sécuriser les déplacements, en intégrant des aides à l’équilibre si nécessaire.
Rééducation fonctionnelle de la marche
La rééducation de la marche est recommandée dès que possible, en intégrant des techniques d’amélioration de l’indépendance motrice.
- Grade de recommandation : B
Les preuves montrent que débuter tôt la rééducation de la marche aide à optimiser l’indépendance des patients et à réduire les risques de complications motrices.
Approches innovantes
Contrainte induite du membre supérieur
La thérapie de contrainte induite du membre supérieur est particulièrement utile en phase chronique, pour les patients présentant une récupération motrice partielle du membre affecté.
- Grade de recommandation : B en phase chronique
Cette technique sollicite spécifiquement le membre hémiplégique, encourageant la plasticité neuronale et améliorant la fonctionnalité dans des tâches spécifiques.
Rééducation assistée par robotique
L’utilisation de la robotique pour les mouvements assistés aide les patients à restaurer des fonctions motrices en sécurité et avec précision.
- Grade de recommandation : B pour la marche assistée par robot en phase subaiguë
Les robots permettent des mouvements guidés, stimulant la récupération des schémas moteurs de marche même dans des cas de déficits moteurs sévères.
Imagerie mentale motrice
L’imagerie mentale motrice, où le patient imagine les mouvements, contribue à renforcer les connexions motrices.
- Grade de recommandation : B pour la phase chronique
L’imagerie mentale, lorsqu’elle est combinée avec d’autres formes de rééducation, favorise une meilleure récupération en permettant au patient d’exercer ses capacités de contrôle moteur.
Réalité virtuelle
Bien que prometteuse, la réalité virtuelle nécessite encore des recherches pour définir ses bénéfices spécifiques dans la rééducation motrice après un AVC.
- Grade de recommandation : Accord d’experts (AE)
Elle permet au patient d’interagir dans un environnement sécurisé et contrôlé, facilitant l’apprentissage de mouvements fonctionnels.
Conclusion
Ces recommandations de la HAS fournissent un cadre fondé sur les preuves pour les professionnels impliqués dans la rééducation motrice après un AVC. L’approche multidisciplinaire et personnalisée permet de maximiser la récupération fonctionnelle des patients, en s’appuyant sur une combinaison de techniques validées et de technologies innovantes.
Figure 2 : Synthèse selon l’HAS
Dobkin BH, et al. Clinical Practice Recommendations for Stroke Rehabilitation: Initial and Post-acute Care. Stroke. 2012;43(6):1383–1390. doi:10.1161/STROKEAHA.111.640336.
Wolf SL, et al. Constraint-induced movement therapy in stroke rehabilitation: a randomized controlled trial. JAMA. 2006;296(17):2095–2104. doi:10.1001/jama.296.17.2095.
Langhorne P, et al. Rehabilitation after Stroke: Key Concepts and Practical Approaches. The Lancet Neurology. 2011;10(9): 909-921. doi:10.1016/S1474-4422(11)70154-4.