1 mai 2025

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Prise en charge rééducative de la maladie de Parkinson : Guide complet pour les kinésithérapeutes

Par Afonso Pimenta Sergio

01 mai 2025

atteintes centrales, kinésithérapie, Parkinson, Réeducation

Titre de l’article analysé : Haute Autorité de Santé (HAS). Maladie de Parkinson et syndromes apparentés : techniques et modalités de la prise en charge non médicamenteuse des troubles moteurs. Juin 2016.

Accessible sur : HAS-sante.fr.

Contexte et objectifs

La maladie de Parkinson entraîne une dégradation progressive des capacités motrices, influençant de nombreux aspects de la vie quotidienne. Une prise en charge rééducative efficace permet d’atténuer les limitations et de préserver l’autonomie des patients. Ce guide, inspiré des recommandations de la HAS, met l’accent sur les techniques et modalités non médicamenteuses avec les grades de recommandation pour chaque type d’intervention.

Objectifs de la rééducation pour les patients Parkinsoniens

Les objectifs de la rééducation dans la maladie de Parkinson sont les suivants :

  1. Préservation des capacités physiques (Grade B) : maintenir la force et la mobilité des articulations pour ralentir la perte de mobilité.
  2. Amélioration de l’équilibre et prévention des chutes (Grade B) : travailler la stabilité posturale pour minimiser le risque de chutes.
  3. Optimisation de la marche et de la mobilité fonctionnelle (Grade B) : permettre une marche coordonnée et fonctionnelle pour maintenir l’autonomie.
  4. Réduction des douleurs : soulager la douleur liée à la rigidité musculaire et aux postures prolongées (accord d’experts).
  5. Renforcement de l’indépendance dans les activités de la vie quotidienne : offrir une aide pour que les patients maintiennent leur autonomie dans leurs tâches quotidiennes (Grade C).

Troubles moteurs et conséquences de la Maladie de Parkinson

Les patients atteints de la maladie de Parkinson présentent les symptômes moteurs suivants :

  • Akinésie : difficulté d’initiation et de réalisation des mouvements, avec lenteur et amplitude réduite.
  • Hypertonie extrapyramidale : rigidité musculaire touchant les membres et le tronc, limitant les amplitudes articulaires et provoquant des douleurs.
  • Tremblement de repos : présent chez environ 70 % des patients à un stade initial, avec des mouvements involontaires affectant notamment les mains et les pieds.
  • Instabilité posturale : trouble postural augmentant les risques de chute, particulièrement présent aux stades avancés de la maladie.

Ces symptômes influent sur la marche, la coordination, et augmentent la fatigue, créant des besoins spécifiques en rééducation.

Techniques de rééducation et interventions

1 Kinésithérapie conventionnelle

La kinésithérapie conventionnelle est cruciale pour préserver les fonctions motrices et gérer la douleur :

  • Mobilisations passives et actives (Grade B) : préviennent les contractures et maintiennent les amplitudes articulaires. Les mobilisations passives sont indiquées pour les patients aux stades avancés, tandis que les mobilisations actives soutiennent la flexibilité musculaire.
  • Renforcement musculaire des membres inférieurs (Grade B) : renforce les quadriceps et muscles stabilisateurs pour améliorer la capacité de transfert, notamment le passage assis-debout.
  • Étirements doux (Grade B) : réduisent l’hypertonie et améliorent le confort. Les étirements doivent être progressifs et sans douleur.
  • Massage des trigger points (Grade C) : soulage les tensions et les douleurs dans les zones spécifiques comme le cou et le dos, pour augmenter le confort du patient.

La kinésithérapie conventionnelle est à pratiquer régulièrement, avec une supervision pour garantir la sécurité et l’efficacité des exercices.

2 Rééducation de la marche

L’objectif de la rééducation de la marche est de maintenir une mobilité fonctionnelle et stable :

  • Entraînement sur tapis roulant (Grade B) : améliore la vitesse et la longueur du pas, recommandé avec des séances de 30 minutes, trois fois par semaine. L’utilisation du tapis roulant doit être supervisée pour éviter les risques de fatigue excessive.
  • Stratégies par repères sensoriels et cognitifs (Grade B) : utilisation de signaux visuels (marquage au sol), auditifs (métronome), et cognitifs (comptage mental) pour stabiliser la marche et éviter le « freezing ».
  • Exercices de marche en groupe (Accord d’experts) : les classes de marche en groupe, en plus de l’entraînement physique, offrent un soutien social et motivent les patients, aidant à maintenir l’endurance et la coordination.

La combinaison d’un entraînement au tapis roulant et des stratégies par repères sensoriels est efficace pour améliorer la longueur du pas et réduire le blocage de la marche (freezing).

3 Rééducation de l’équilibre et prévention des chutes

L’amélioration de l’équilibre est essentielle pour prévenir les chutes, un facteur important dans la progression de la maladie :

  • Exercices de transfert de poids et d’appuis unipodaux (Grade B) : renforcent les compétences posturales et la capacité de réaction en cas de déséquilibre.
  • Pratique du Tai-Chi (Grade B) : une activité qui associe des mouvements lents et contrôlés, transferts de poids et appuis unipodaux, contribuant à réduire les risques de chute.
  • Entraînement des transferts (Grade B) : le test des cinq assis-debout (Five Times Sit-to-Stand) améliore la capacité du patient à se lever de manière autonome.
  • Feedback visuel et auditif (Grade C) : inclut l’utilisation de miroirs et de sons rythmés pour aider le patient à contrôler sa posture, rendant le patient plus conscient de son centre de gravité.

Les séances pour travailler l’équilibre doivent être intensives et fréquentes (3 fois par semaine pendant 45 minutes) pour maximiser les effets sur la réduction des chutes.

4 Rééducation de la mobilité fonctionnelle

La rééducation fonctionnelle permet aux patients de maintenir leur autonomie dans les gestes quotidiens :

  • Danse et Tango (Grade B) : recommandés pour améliorer la coordination, avec des mouvements larges et contrôlés, notamment dans le tango, qui sollicitent les mouvements arrière et les pivots.
  • Entraînement fonctionnel spécifique (Grade B) : inclut des exercices basés sur des tâches de la vie quotidienne (se lever d’une chaise, tourner ou s’habiller) pour entretenir la mobilité et la coordination.
  • Stratégies attentionnelles (Grade C) : permettent au patient de diriger son attention pour structurer ses mouvements et éviter les blocages. Par exemple, le patient peut imaginer les étapes du mouvement avant de le réaliser.

Ces activités doivent être intégrées dans des séances supervisées, permettant aux patients de maintenir et d’améliorer leur capacité fonctionnelle dans les activités de la vie quotidienne.

Fréquence et intensité des séances

Les recommandations de la HAS insistent sur la nécessité d’une rééducation régulière et intensive pour un maintien à long terme des acquis :

  • Fréquence et durée : 2 à 3 séances par semaine, d’une durée de 45 minutes à 1 heure, sont recommandées pour garantir des effets durables.
  • Intensité progressive : augmenter progressivement la complexité des tâches et la durée des exercices en fonction des capacités du patient, pour éviter les risques de surcharge.
  • Programme à long terme (Grade C) : maintenir des exercices réguliers à domicile est crucial pour éviter la perte des bénéfices acquis durant les séances.
  • Supervision continue : une supervision professionnelle permet de prévenir les blessures et d’adapter les exercices aux stades évolutifs de la maladie.

Précautions et contre-indications

Certaines précautions doivent être prises dans la rééducation des patients parkinsoniens :

  • Fatigue musculaire : éviter les exercices trop intenses qui peuvent entraîner une fatigue excessive, car les patients parkinsoniens présentent souvent un délai de récupération plus long.
  • Risques de chute : la surveillance continue est indispensable, notamment pour les exercices de marche et d’équilibre dans les stades avancés de la maladie.
  • Éviter les vibrations corporelles (Grade C) : cette technique peut être contre-indiquée en raison des effets potentiellement délétères pour les patients présentant une rigidité et une instabilité posturale accrues.

Conclusion et application pratique pour les kinésithérapeutes

En se basant sur des recommandations rigoureuses, la kinésithérapie peut considérablement améliorer la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson en retardant l’apparition des limitations fonctionnelles et en favorisant l’autonomie. En appliquant ces pratiques dans une approche interdisciplinaire et en adaptant les interventions aux besoins de chaque patient, les kinésithérapeutes peuvent contribuer de manière significative à la gestion des symptômes moteurs et à la préservation de la qualité de vie.

Vous voulez en savoir plus, rejoignez nous pour une formation sur le sujet : https://rehab4neuro.catalogueformpro.com/0/pathologies/1572972/neurorehabilitation-du-patient-atteint-de-la-maladie-de-parkinson


Keus SH, Bloem BR, et al. « Evidence-based analysis of physical therapy in Parkinson’s disease. » Movement Disorders. 2014; 29(9): 1155-1165.

Frazzitta G, et al. « Effectiveness of intensive inpatient rehabilitation treatment on disease progression in Parkinsonian patients. » European Journal of Physical and Rehabilitation Medicine. 2015; 51(3): 361-369.

Fox SH, et al. « International Parkinson and Movement Disorder Society Evidence-Based Medicine Review: Update on Treatments for the Motor Symptoms of Parkinson’s Disease. » Movement Disorders. 2018; 33(8): 1248-1266.

Afonso Pimenta Sergio

A propos de l'auteur

Kinésithérapeute spécialisé en neurologie.
Enseignant en formation initiale (Aix-Marseille Université, École des Sciences de la Rééducation).
DE d'imagerie médicale (2010)
DIU vestibulaire, analyse et rééducation des troubles de l'équilibre (2022)

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